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AVERTISSEMENT

Amis lecteurs
Je ne fais ce Blog que pour vous faire decouvrir les tresors du Judaisme
Aussi malgre le soin que j'apporte pour mettre le nom de l'auteur et la reference des illustrations sur tous ces textes , il se pourrait que ce soit insuffisant
Je prie donc les auteurs de me le faire savoir et le cas echeant j'enleverais immediatement tous leurs textes
Mon but etant de les faire connaitre uniquement pour la gloire de leurs Auteurs

L'Hébreu l'être de passage


                                          Abraham   Jozsef Molnar



L'Hébreu l'être de passage





L'Éternel dit à Abraham : "Quitte ton pays, ta ville natale, la maison de père et vas vers le pays que je t'indiquerai. Et je ferai de toi un grand peuple, et Je te bénirai et J'agrandirai ton nom et sois bénédiction. Qui te bénira Je le bénirai, et qui te maudiras Je le maudirai, et seront bénies par toi toutes les familles de la terre".



L'histoire d'Israël est si longue et si riche qu'il est parfois difficile même pour deux membres de cette communauté d'être d'accord sur une définition commune de leur identité ; l'un annoncera par exemple, qu'il est Israélite et l'autre qu'il est Juif et tout aussi fier de l'être. Cette terminologie, quoi qu'en pense le quidam n'est jamais neutre, elle véhicule des visions du monde, des nuances dans la perception de sa foi, dans son rapport au monde. Le judaïsme même au sein de la mouvance orthodoxe véhicule différents courants qui possèdent leur caractéristiques cultuelles et leurs coutumes ancestrales. L'on comprendra pourquoi l'un des titres qui apparaît le plus souvent, sous différentes formes, lors des colloques organisés au sein de la communauté juive reste sans conteste celui de la définition identitaire. Sur quelle base l'exprimer ? À quelle science se fier ? La religion, l'histoire, la sociologie, la psychologie ?..."Deux juifs, trois opinions !" exprime le dicton synagogal. Jamais une collectivité ne s'est autant interrogé sur elle-même. Face à ce questionnement, le retour aux sources est sans doute nécessaire, et pour l'homme de foi la réponse est dans le Livre. Si nous avons placé ces trois versets de la Genèse en exergue c'est qu'à nos yeux tout est dit dans le premier appel de Dieu à Abraham. 

Analyse. Dieu interpelle le premier Patriarche pour une marche ; non pas une errance ni une aventure vers l'inconnu, mais pour un déplacement vers une terre dont on ne sait rien encore, mais d'où le message divin pourra jaillir pour l'Humanité entière. En abandonnant la Mésopotamie, en franchissant l'Euphrate, le fils de Térah devient un Hébreu (Ivri), littéralement "le passant". Ce nom désignera par la suite chaque descendant du personnage, Dieu lui-même sera désigné par Moïse "le Dieu des Hébreux".  Les commentateurs traditionnels sensibles à la morphologie des versets s'étonnent de l'ordre des mots du premier verset cité, l'écriture n'aurait-elle pas dû être inversée ? On quitte d'abord sa maison, puis sa ville, puis son pays ? En fait, il ne s'agit pas d'un déplacement géographique mais d'un déplacement psychologique et spirituel. Abraham doit abandonner des valeurs nationales, puis locales, puis familiales qui étaient toutes imprégnées d'idolâtrie et de violence. Ce voyage fera de notre héros un "Hébreu", littéralement un passant, franchissant l'Euphrate pour la terre promise. Mais par delà ce déplacement géographique, se dessine un autre mouvement plus intérieur, plus intime qui touche le cur même de la foi. Par ce passage originel, Abraham quitte l'idolâtrie, le culte des forces de la nature, pour se mettre au service de l'Unique, créateur des Cieux et de la terre. Les noms qui permettent aux hommes de se rassembler, de se reconnaître, ont souvent besoin de se référer au stable. Une identité nationale, une fédération, une association sportive se doivent d'être rassurantes pour ceux qui la compose. L'Hébreu n'entend dans son nom aucune stabilité, il se sent plutôt entre deux rives. Peut-être parce qu'on n'est jamais totalement Hébreux mais qu'on le devient, parce qu'on n'est jamais homme mais qu'on le devient aussi (oserai-je proposer à mon frère chrétien la même réflexion ?) La religion comme la vérité est toujours dans la fragilité. Les intégrismes politiques ou religieux ont oublié la leçon eux qui affirment être sur de leur fait. Le croyant s'alimente d'une foi certaine, mais pour se rendre compte qu'il est entre deux bords. La mézouza est posée sur le montant d'une porte, le lieu de passage de deux mondes, celui de l'intimité et celui de la vie économique. Abraham ne se reconnaissait ni comme israélite, ni comme juif, mais comme Hébreu.


S'il est incontestable que chaque monothéisme issu de ce personnage le dépeint à la lueur de sa propre foi, il existe dans dans cette dimension hébraïque une portée qui devrait unir (sans uniformiser) nos consciences religieuses. Être monothéiste c'est d'abord passer de l'autre côté, refuser de s'asseoir sur des situations toutes faites. La condition hébraïque se veut condition de fragilité, non pour disparaître, mais au contraire pour se consolider et mieux perdurer, la force d'un système s'affirme dans le centre de gravité qui est le lieu du passage, c'est dans l'espace de passage, la porte, que l'homme pieux place la mézouza, ce petit boîtier qui contient la proclamation de l'unité divine.


Le passage est toujours un lieu de fragilité car l'on quitte une rive pour une autre.





L'hébreu (ivrit) est une trace : celle du passage, de la rupture / transgression (avera), de la transmission, de la production et de la création (oubar, meouberet, ibour)






La racine du terme hébraïque qui dit l'hébreu (ivrit, la langue ou ivri, l'homme hébreu) est I-V-R (yod-vav-rech), qui a donné le verbe laavor (passer). Cette racine donne des mots en relation avec l'arrachement, la protestation, le passage. L'hébreu est passeur : il invite à passer d'une rive à l'autre, entre-deux-rives. Il reflète le passage d'un monde qui ne cesse de se créer, existe et n'existe pas à la fois, se dérobe, s'éloigne, s'approche et se caresse; et partout où il y a un passage à accomplir, il se rend.
Pour l'hébreu, exister, c'est devenir. L'homme hébraïque n'est pas quelque chose qui est, mais quelque chose qui sera. Il est à-venir et messianique, pas dans la certitude de la venue d'un homme qui arrêterait l'histoire , mais comme inscription dans le temps, dans un à-venir qui est toujours à-venir. Sa manière d'être est de produire le temps.








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