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AVERTISSEMENT

Amis lecteurs
Je ne fais ce Blog que pour vous faire decouvrir les tresors du Judaisme
Aussi malgre le soin que j'apporte pour mettre le nom de l'auteur et la reference des illustrations sur tous ces textes , il se pourrait que ce soit insuffisant
Je prie donc les auteurs de me le faire savoir et le cas echeant j'enleverais immediatement tous leurs textes
Mon but etant de les faire connaitre uniquement pour la gloire de leurs Auteurs

Bioethique


Bioethique et judaïsme


 



Que l’homme soit capable de progrès techniques fulgurants au cours d’un siècle qui a été témoin du retour de l’homme à la barbarie relève d’un comportement qu’on peut sans exagération qualifier de schizophrénique.









En effet force est de constater qu’il existe un hiatus entre progrès technologique et degré de civilisation et d’élévation morale. Les progrès récents  de la science ont concerné tout particulièrement le domaine de la biologie, surtout en matière de reproduction depuis la découverte du mécanisme des hormones en 1960. En moins de 50 ans les notions traditionnelles millénaires de procréation, filiation et maternité ont  éclaté. Heureusement grâce au discernement de scientifiques comme Potter qui avait pressenti le danger pour la survie de l’ensemble de l’écosystème, représenté par la rupture entre deux domaines du savoir : le savoir scientifique et le savoir humaniste, une nouvelle discipline est née aux Etats-Unis dans les années 60 : la bioéthique.

La bioéthique combine la connaissance biologique et la connaissance du système des valeurs humaines. Ces valeurs, en tout cas dans notre monde occidental s’enracinent dans la tradition judéo-chrétienne. Elles sont fondées sur un socle de valeurs fondamentales :valeurs laïques de dignité, liberté, droit à la vie auxquelles s’ajoutent pour les adeptes des religions monothéistes la relation de l’homme à D.,le respect de la tradition et des textes.
Cependant malgré ces valeurs communes les législations sont très variables d’un pays à l’autre avec deux types de systèmes : le système anglo-saxon où il existe une liberté théorique totale de l’individu avec une limite non négligeable qui est celle de ses moyens financiers puisqu’il n’existe aucune prise en charge par la société et le système français où la société assure un prise en charge sous conditions dans le respect des principes de gratuité et d’anonymat.
En France les 3 religions monothéistes (ainsi que des scientifiques, des juristes, des associations de parents et de malades) sont représentées au sein de deux organismes dont les avis constituent des supports majeurs à l’élaboration des lois de bioéthique : le comité consultatif national d’éthique (CCNE) crée en 1983 et l’agence de biomédecine crée en 2004.
Quelle est la position du judaïsme sur les techniques de procréation médicalement assistée, le diagnostic pré-implantatoire, l’avortement, l’euthanasie ?
Il est bien sûr difficile, voire impossible de trouver dans la Torah et les textes du Talmud des références à ces techniques médicales actuelles mais les problèmes soulevés par la stérilité, la filiation, l’identité, la souffrance et la mort sont souvent abordés dans la Torah et discutés dans le Talmud. Et comme dit André Chouraqui dans "La pensée juive" il est nécessaire d’adapter la loi aux nouvelles circonstances de la vie d’Israël. La halakha est une loi qui avance en marchant, ce qui lui permet de ne pas être dépassée par la technique.
Par ailleurs, bien que le peuple du Sinaï soit assujeti à une loi, l’interdit n’est pas une fin en soi dans le  judaïsme et une part de libre arbitre est toujours laissé à l’homme. Comme le dit le rabbin Safran : "Fais ce qui est juste et bon aux yeux de D. Si la loi ne t’éclaires pas et que tu as respecté les mitsvot, tu peux trouver la réponse qui n’est pas prévue dans la loi pour trouver ce qui est juste et bon aux yeux de D."
Voici quelques pistes de réflexion issues d’une compilation qui ne se veut ni exhaustive ni savante, de différents ouvrages et conférences reprenant les positions halakhiques sur ces sujets d’actualité


La procréation médicalement assistée (PMA)
Si les nouvelles techniques de traitement de la stérilité ont résolu un certain nombre de cas de stérilité elles ont soulevé de nouveaux problèmes. En effet avec la pratique de l’insémination artificielle et de la fécondation in vitro, sexualité  et procréation ont été dissociées. Avec l’introduction de la fécondation in vitro par dons d’ovocytes ou de sperme un nouveau paramètre change : celui de la filiation. Récemment la gestation pour autrui pose une nouvelle question au CCNE : celui de la multiparentalité biologique.


Quelle est la réponse de l’éthique juive à ces problématiques inédites ? La  stérilité est une préoccupation très ancienne dans la Bible. Au vu des difficultés pour concevoir qu’ont rencontré les couples de patriarches, la stérilité ne peut certes pas être considérée comme une punition. Le Talmud donnent même l’explication suivante à ces problèmes de stérilité : c’est parce que D. aime la prière des justes. Pour le judaïsme   avoir un enfant c’est un miracle, la seule mitsvah où un couple peut créer un troisième être, alors que l’homme ne fait habituellement que transformer. Lorsque le couple n’est pas à même de procréer pour diverses raisons, rien n’interdit l’intervention d’un tiers médecin considéré dans le judaïsme comme un partenaire de D. dans le parachèvement du monde (Talmud de Babylone, traité Bera’hot page 60a).
D’ailleurs le mot תּיּרּבּ (santé)a la même racine que אּרּבּ (créer) : il faut donner de l’importance à sa santé physique.
On comprend donc que la maîtrise de la procréation (dans le sens du traitement de la stérilité) ne va pas à l’encontre de la foi juive. Les seules restrictions dans le recours à la PMA sont les suivantes :bien sûr il faut que l’indication soit réellement médicale c'est-à-dire qu’il existe un réel problème de stérilité du couple et il faut vérifier le non mélange des gamètes, car en cas de mélange les implications en terme de transmission religieuse et d’identité seraient lourdes (loi du chatness)
Enfin le troisième interdit halakhique en la matière concerne la recherche sur l’embryon :seule la  recherche  sur l’embryon in vivo ou sur des cellules prélevées sur un embryon décédé pendant la grossesse est interdite. Par contre la  recherche sur l’embryon in vitro est autorisée sans restriction car le judaïsme considère que l’embryon in vitro (c'est-à-dire en éprouvette) ne peut devenir une personne humaine sans intervention extérieure
On voit donc que toutes les techniques visant à traiter la stérilité sont autorisées en vertu de la préeminence du principe suprême qui est la vie(Deutéronome chapitre 30, verset 19, Lévitique chapitre 18, Talmud de Babylone traité Yoma, chapitre 8, page 85b, Talmud de Babylone ,traité Sanhédrin page 74a). Les seuls interdits concernent des techniques qui n’ont pas pour but direct la fécondation comme la création d’embryons à des fins thérapeutiques . Dans ce dernier cas l’interdit du prélèvement de sperme (qui ne doit pas être émis en vain) n’est pas levé car le but n’est pas la fécondation.


Le diagnostic pré-implantatoire :

La loi française autorise la recherche de maladie génétique sur l’embryon issu d’une fécondation in vitro(FIV) dans le cas de risques de maladies à transmission génétique. La décision de laisser implanter un embryon atteint de maladie génétique appartient au couple. Dans la mesure où le judaïsme considère que l’embryon in vitro n’a pas le statut de personne humaine en devenir au même titre que l’embryon in vivo, la non conservation de cet embryon issu d’une FIV ne pose pas problème au regard  de la halakha( ce qui n’est le cas ni pour le christianisme ni pour l’islam).



L’interruption volontaire de grossesse :

Le rabbin Gilles Bernheim traite de ce sujet dans son fascicule de la collection "Torah et société" qui a pour titre : Handicaps, handicapés".Voici ce qu’il écrit : "Le texte fondateur de la littérature talmudique, auquel il faut nécessairement se référer et qui traite directement du problème de l’avortement est la michna suivante (Ohalot VII,6) : "Si une femme a un accouchement difficile, on a le droit de couper l’enfant dans son sein et de le sortir membre par membre, car la vie de la mère l’emporte sur celle de l’enfant. Si la plus grande partie de l’enfant est sortie on ne le touchera plus, car on ne repousse pas une vie(néfech) devant une autre vie". La vie de l’enfant n’est donc aussi sacrée que celle de la mère qu’à partir du moment où il quitte le sein maternel. En dehors du cas où il y a danger pour la mère l’avortement est interdit. Pourquoi ? La raison fondamentale, mentionnée déjà par le rabbin Yaakov Emden au XVIIIè siècle, a été développée avec vigueur par l’ancien Grand Rabbin d’Israël, Rav Unterman : c’est que le foetus est considéré comme un être humain en puissance. Par conséquent si l’on tient compte de ce qu’il sera plus tard, même si sa valeur est actuellement moindre que celle de sa mère, la seule exception à l’interdiction halakhique de l’avortement pourra être le salut de la mère.



L’euthanasie :

Le mot euthanasie vient du grec :eu(bonne) thanatos(mort), il signifie donc " bonne mort". Un des axiomes essentiels de la pensée juive est que la vie ne nous appartient pas, en effet toute vie humaine présuppose une transcendance. Ce n’est donc pas à l’homme de décider quand et comment il va mourir, le Kaddish dit "D. a donné, D a repris, que son nom soit béni". Les textes essentiels de la Torah et du Talmud sur ce sujet sont :Berechit, Deutéronome(chapitre 30) , Lévitique(chapitre 18), le livre de Job(chapitre 1), le Talmud de Babylone(traité Sanhédrin,pages 37a et 74a). Cependant le judaïsme autorise de tuer  à la guerre, autorise de prendre des risques, autorise la peine de mort et pousse le juif à se laisser tuer en martyr pour éviter la transgression. On voit donc que la vie n’est pas toujours une valeur qui l’emporte sur tout. Les textes sus-cités ne donnent pas une réponse toute faite à la question des malades en fin de vie, en particulier à l’hôpital. D’autres textes évoquent le cas des grands malades : le Talmud distingue le cas d’un malade en train d’agoniser où il ne faut rien faire pour hâter l’agonie mais laisser faire la nature sous peine de commettre un assassinat et celui atteint de maladie chronique dont on sait avec certitude qu’il va mourir . Tuer ce dernier n’est pas condamnable et relève du tribunal humain et non des lois du ciel . Ceci pose la question fondamentale,de la souffrance qui n’est pas une valeur dans le judaïsme. Le traité Sanhédrin(52b) interprète le verset "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" comme le fait de lui choisir une belle mort. Le traité Betsa du Talmud de Babylone (page 32b) discute du problème de maintenir en vie à tout prix une personne dont la souffrance est insupportable.

On voit donc que pour le judaïsme l’interdit de l’euthanasie est à interpréter au cas par cas.



Les lois de bioéthique de 2004 vont être réexaminées du fait de l’essor rapide des connaissances ces dernières années.

A cette occasion de nouvelles questions vont être débattues  en particulier celle de la gestation pour autrui qui pose le problème de l’instrumentalisation du corps humain et de la multiparentalité . Sur ce sujet comme sur d’autres s’instaure un nouveau débat auquel le judaïsme va participer activement à sa façon particulière qui est comme l’écrit le rabbin Gilles Berhneim dans son livre "Le souci des autres, au fondement de la loi juive", " non pas de convaincre mais de donner à penser à ceux qui ne croient pas en lui". 

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